Il n’était jamais là quand on avait besoin de lui. Elliott avait besoin de lui. Il ne comprenait pas pourquoi Oscar était mort, et surtout, qu’est-ce que ça voulait dire qu’être mort? Sa mère avait bien essayé de le consoler, mais il n’y avait que son papa pour trouver les mots qu’il fallait. Quand il était là.
Elliott jeta un regard perplexe et embué sur le ventre blanc d’Oscar qui tournait doucement sur lui-même à la surface de l’eau. A l’endroit, Oscar était rouge et nageait dans tous les sens dans le bocal, la bouche ouverte. On pouvait rigoler.
Sa mère avait beau lui expliquer que papa était très loin dans un pays où il faisait des photos de gens qui se faisaient la guerre, Elliott n’en démordait pas, il voulait lui parler.
Le combattant rampa jusqu’à Manu Morel pour lui passer le téléphone satellite. Dans l’odeur des corps putréfiés et le fracas des des mortiers, Manu entendit les larmes de son fils Elliott. Il décida de se sortir de ce merdier pour le rejoindre au plus vite.
On allait enfin parler de choses sérieuses.
Titre et Photographie : Jean-Pierre Viguié
Texte : Luc Delasnerie
