Près des anglaises désossées, ça sentait l’huile de vidange, quand on s’avançait de deux pas vers la guérite des chiottes, c’était l’odeur de la shooteuse qui vous prenait les maxillaires.
D’après l’enseigne de guingois j’étais bien dans l’arrière cour du “Rasoir Hurlant”.
Ça me fait rire moyen. Je tape à la porte.
Titus, le patron du “Rasoir”, apparaît, avec tout le kit qui en avait fait une sorte de légende dans le quartier: tatouages, cheveux longs filasses, cuir daté Stooges et chicots brunâtres qui dansent le French-Cancan à chaque ouverture de bouche. Une gravure de mode.
Il me mate de ses yeux jaunes, et comprend que je suis le livreur de la pâtisserie de la galerie marchande. Il s’empare du paquet et me signe le reçu. Sans un mot il me claque la porte au nez.
Mais qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir foutre avec cinq kilos de choux à la crème?
Titre et Photographie : Jean-Pierre Viguié
Texte : Luc Delasnerie